ECURIES  DU  MONT VERDUN  
POINTS DE VUE, IDEES, EXPERIENCES VECUES
Chronique N°28


Conclusion de notre livre publié fin 2016 :
Le facteur "Chance / Malchance" : L'adaptabilité du cheval.


« Nous sommes incapables d'imaginer le futur autrement que comme un prolongement du présent » (Jacques Julliard). Même s'il a pris le temps de bien essayer un cheval, même s'il a longuement mûri sa décision d'achat, son acquéreur ne peut mesurer la chance ou la malchance de l'avoir choisi qu'au cours de mois, voire d'années de vie commune. Par définition, la chance et la malchance ne se prévoient pas. Hé oui, nous souffrons tous du même mal incurable : nous ne connaissons pas le futur...

Même s'ils n'appliquent pas les idées et préceptes de base explicités dans cet ouvrage ou ailleurs, certains cavaliers, dans une proportion difficile à évaluer, (il n'existe pas de statistiques à ce sujet) s'en sortent avec bonheur. Ce constat se révèle être une possible définition de la chance. Le cheval, au gré d'une alchimie et d'une complicité qui se développent, pardonne les approximations ou les erreurs, accepte, par résignation, du fait de sa bonne volonté, ou de sa perception favorable des caractéristiques propres à son humain, d'évoluer dans un sens positif. C'est d'ailleurs cela que beaucoup de personnes qui achètent un cheval espèrent .
A contrario, ceux qui, ignorant ces principes, connaissent des déboires ne doivent pas invoquer une quelconque malchance... ces difficultés sont une conséquence logique de leur impéritie.

Je me permettrais d'élaborer un parallèle avec la gestion de notre santé.
Si je décide d'augmenter mon espérance de vie, et ce, dans des conditions de confort optimal, l'étude des avancées de la science en matières nutritionnelles et en principes d'hygiène de vie occupera tellement mon esprit et nécessitera tellement d'implication... que cela en deviendra une occupation très prenante qui diminuera mon temps et ma concentration disponibles pour me consacrer à d'autres activités...

De même, de facto, l'usage d'un cheval de loisir, qui pourrait originellement se définir comme récréatif, supporte une certaine contradiction immanente. Il nécessite une implication telle, si l'on veut écarter au maximum le facteur-chance, qu'il ne peut constituer un simple divertissement.

Le propre de chaque entité vivante, du plus petit organisme, tel le protozoaire, aux plus grands génies de l'humanité, en passant par les équidés et les humains plus modestes, est de perpétuellement se trouver dans la nécessité de s'adapter, dans la mesure où l'environnement ne sera jamais idéal et où la nature et les actions des autres iront dans le sens de leurs intérêts propres.

Prenons comme exemple le cas d'un « cobaye-humain mâle » que nous appellerons Sigmund. Sa conjointe, son job, son lieu de vie, ses relations sociales, les tentations auxquelles il est confronté, tout ce qui constitue donc son environnement au sens large du terme ne s'affirmera jamais comme ce qu'il conçoit de parfaitement idéal et répondant à la satisfaction complète de ses envies.
Pour réussir à ce que son existence soit vivable, deux pistes s'offrent à lui.
La première : changer tout ou partie des éléments de cet environnement. Traduction : il espère ainsi que ce sont les facteurs exogènes qui s'adapteront à ses spécificités propres…
La seconde : il accepte de « prendre sur lui » et de vivre dans le contexte qui est le sien en assumant son obligation de développer des efforts afin que lui, s'y adapte.
Dans la « vraie vie », selon une proportion propre à chacun, c'est un mélange de ces deux voies qui permet à une majorité d'humains de réussir à évoluer sans trop de dommages dans nos sociétés. Ceux qui n'y parviennent pas sont en souffrance psychologique (on peut même parler de pathologie).

A présent, menons un raisonnement parallèle avec le cas de ce bel hongre bai qui s'appellera… heu… disons Freud (que voilà un joli nom d'équidé !). Ses particularités « psycho-sociologiques » seront beaucoup plus basiques que celles de Sigmund. (heureusement!)
Reportons-nous au paragraphe d'introduction consacré au cheval dans la nature et remémorons-nous de surcroît les notions de confort / inconfort et de timing. Plus le propriétaire réussira à faire vivre son animal dans les conditions les plus proches possibles de l'idéal, et à être juste, plus l'effort d'adaptation de Freud sera faible. Plus son humain s'en éloignera, plus le cheval devra faire du chemin pour s'adapter et souffrira éventuellement de n'y parvenir que dans une mesure insuffisante. Ce qui induira des conséquences défavorables dans les rapports monture / cavalier.

On peut donc ainsi synthétiser ces propos… et conclure ce livre :

Compter sur la simple application des enseignements classiques, c'est espérer avoir la chance que ce sera le cheval qui s'adaptera favorablement aux multiples particularités et faiblesses éventuelles de son cavalier, à son environnement, ainsi qu'aux activités auxquelles il sera soumis.
En revanche, réfléchir et s'impliquer tel qu'expliqué tout au long de ces lignes, ou en cherchant d'autres voies, sans jamais se reposer sur la facilité, sur le poids des traditions, sur les « diktats » de ceux qui se considèrent comme des « autorités supérieures » ou sur le confort de l'habitude, c'est œuvrer à la fois pour s'adapter au cheval et pour l'aider à s'adapter.



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