Nous avons la chance de travailler avec un étiopathe équin, François Lécuyer, qui s'investit dans une réflexion globale du cheval, plutôt que de se contenter d'affirmer "j'ai fait "cric-crac", tout va bien maintenant". Ces réflexions sont le fruit de nos entretiens.
Avant d'avancer plus loin vers notre sujet, une petite apparté sur la différence "étiopathe/ostéopathe". L'image qu'utilise toujours François pour illustrer la nuance est cell-ci : l'ostéopathe est à l'étiopathe ce que le joueur de ballon est au footballer. L'étiopathe travaille selon des normes et des règles plus précises, plus strictes.
Revenons à nos moutons... à nos chevaux...
L'art du bon étiopathe est de remettre le mieux possible un cheval en trouvant le juste compromis entre "l'idéal des livres de physiologie" et les particularités de chaque individu.
La difficulté principale est de juger une anomalie : celle-ci est-elle la cause ou la conséquence d'une autre anomalie? Lorsque l'on pense avoir réglé un souci, si celui-ci était la cause d'autres ennuis, on est sur la bonne voie; si c'est une conséquence, si la cause n'est pas éliminée, le problème risque de réapparaître.
La recherche des causes premières de soucis : c'est là que l'étude des pieds du cheval et des problèmes de ferrure intervient; il y a souvent là matière à des problèmes en cascade.
Dans la nature, un cheval parcourt quotidiennement beaucoup de distances, et ce, sur des terrains variés. Ainsi, d'une part, la pousse de la corne compense l'usure, et d'autre part, la corne se durcit.
Plus important : le cheval qui se déplace s'équilibre principalement avec ses antérieurs : ses pieds s'adaptent aux conditions du terrain en pivotant d'avant en arrière mais aussi latéralement
Lorsque le cheval est ferré, il ne peut plus s'équilibrer de la même façon, et il compense avec ses postérieurs.
2 cas se présentent alors :
- Le cheval parvient à s'adapter, et finalement, malgré la contrainte anti-naturelle des fers, il vit sans trop d'ennuis.
- Le cheval souffre de cette dichotomie entre l'idéal naturel et la contrainte des fers (à laquelle s'ajoute bien sûr la contrainte du cavalier, de son poids, de ses maladresses, la contrainte d'un travail inadapté...). Et c'est alors qu'apparaissent les multiples problèmes classiques : tendinites, mal de dos, lombalgies... problèmes divers et variés que l'on va chercher à soulager avec des antiinflammatoires, des recettes de grad-mère... du repos bien sûr... des séances de manipulation...
Selon le cheval, selon la chance que l'on a, on va peut-être réussir à améliorer les choses... ponctuellement, peut-être plus durablement...
La vie n'est jamais un choix entre une solution idéale et parfaite et une solution universellement négative. Les contraintes de la vie domestique, et donc d'un habitat non naturel, du travail du cavalier, obligent à chercher perpétuellement le compromis qui sera le plus correct possible pour le cheval en essayant que ce compromis ne soit pas trop en contradiction avec son utilisation.
Mais parfois, le propriétaire devra accepter que mettre son cheval "pieds-nus" est la moins mauvaise solution, même si cela implique des parages fréquents et réguliers (effectués par quelqu'un de compétent), si possible une vie au pré... même si cela implique aussi dans un premier temps, de monter le cheval en étant attentif sur le choix des terrains.
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Pour conclure, la difficulté sera de rester "ouvert" à ce que nous apprend le cheval quand à son adaptation et de ne pas céder aux injonctions des innombrables "monsieur et madame "on m'a dit que"" toujours prêts à asséner des certitudes.
Et comme un humain est toujours plein de contradictions, je vais quand même me permettre d'émettre une certitude : il est absurde de ferrer sans réfléchir un cheval : quand nous vendons un jeune cheval avec une superbe corne, avec une forme de pied idéale et qui se déplace aisément sur tous les terrains, c'est un crime de "lèse-logique" que de se précipiter pour le ferrer.
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