Notre envoyé spécial est à Paris, place de la Nation, pour couvrir l'évènement. Tous les chevaux de France et de Navarre sont réunis pour cette manifestation unitaire. A vous Doc Tornado.
Bonjour, ici Doc Tornado, en direct de la Nation.
C'est fabuleux; c'est une véritable symphonie de chocs de sabots qui battent le macadam; Il y a toutes les robes, toutes les tailles, toutes les races, toutes les têtes, les busquées, les faces d'hippocampes.
J'aperçois le leader, une sorte d'étalon noir qui s'appelle... je regarde mes notes... "BlackBouleur".
Le voilà qui se saisit du mégaphone et qui hennit le signal du départ. Direction la République.
Quel spectacle ces centaines de milliers de chevaux (d'après leur syndicat)... ou peut-être ces milliers (d'après la police) qui trottent ou qui "petit-galopent".
Oh là!... quelques coups de cul et...oh my god!... tous à fond de galop... et des ruades.
J'ai du mal à suivre avec ma moto; en plus mon pilote doit slalomer entre les crottins.
Tout cela est un peu désorganisé... ah, les chevaux de la Garde Républicaine vont intervenir... les voilà... tout va rentrer dans le calme... non, non... c'est pas vrai... ils sont en train de désarçonner leurs cavaliers tous empêtrés dans leur costume d'appârat.
Hou là là! Ils sont en train de faire une sorte de tas, un tas de gardes républicains, une montagne de gardes républicains, un himalaya océanique de gardes républicains...Mamma mia!
Cà y est, ils ont rejoint la place de la République; Et ils s'amusent, ils attrapent tous les humains qui passent et ils s'en servent de projectiles pour bombarder la statue. Et cette statue, la très fameuse statue de Lénine Illitch vacille... et chute.
Je vois... je vois... oui le leader bondit sur le socle désormais vide... et... réussit à hennir en français... il réclame une grande discussion.
Et j'apprends à l'instant que l'Elysée a envoyé un négociateur.
Ah, le voilà, un type Censé, un certain Pit Pirelli qui arrive avec un fouet, une longe (heu, pardon, une ligne de communication), un licol en corde et un "stick".
Il commence à négocier, il manie le fouet à droite et à gauche du leader puis à gauche et à droite... et... non... c'est pas vrai... BlackBouleur se saisit de monsieur Pirelli, du stick, de la ligne de communication... et le fait danser en le faisant céder à la pression... devant... derrière... sur le côté... l'autre côté... en l'air... hem, j'ai l'impression que la négociation est en train de capoter.
Oui, j'apprends qu'on envoie un nouveau négociateur... je le vois... c'est une sorte de bipède androïde hybride asexué et bicéphale... c'est un exemplaire unique, c'est un Ségosarko... brrre brrreee... que c'est pas beau.
On y est, le Ségosarko commence à parlementer... mais non çà ne le fait pas; bingo, le négociateur... expulsé.
Ah un autre négociateur, Manu Jambarquées... il commence à raisonner, à se mettre à la place de ses interlocuteurs, psychologue et tout... et... badaboum... ruade... mais...mais... il a les jambes tellement arquées que les sabots lui sont passés entre les genoux... mais quand même, pas téméraire, il pend les jambes à son cou... heu non, il
prend ses jambes à son cou (il est hyper souple).
BlackBouleur reprend le mégaphone et... que hennit-il?
Il exige des micros, des caméras... il veut s'adresser au peuple des humains (
Ta Ta Taaa, musique de peplum).
Les caméras s'installent... le moment est solennel. BlackBouleur va hennir son allocution. Je me tais. Ecoutons-le.
"Avant tout, j'aurais aimé que vous apportassiez à mon staff et à moi-même un bon repas bien copuleux" (il est hyper calé en grammaire et littérature, c'est une sorte d'équidémicien)
Bon OK, les voilà tous en train de se goinffrer de pizzas à l'avoine et à la luzerne.
Ha, il reprend le micro;
"D'abord, sachez-le, je déteste, j'abhorre, j'abomine, j'exècre, je hais, je maudis, je réprouve, je vomis, j'honnis, j'halliday, je condamne, j'excommunie, je rejète, j'anathémise, je censure, je désapprouve, je damne ... les discriminations entre les nobles chevaux à papier et les obscurs "sans papiers". Aux chevaux bien nés, la valeur n'attend point l'importance du papier.
Comprenez également qu'étant un loisir pour vous, humains, nous aimerions que vous, humains, fussiez également un loisir pour nous.
Voici quelques suggestions concrêtes à négocier.
Pourquoi ne pas créer des centres de "tombe-bonhomme" en appesanteur ? Ce qui serait plus confortable pour vous et pour nous.
Concernant les courses de trotteur, on pourrait mettre un humain qui courre devant chaque cheval.
Sur les concours hippiques, chaque humain devrait sauter à pied un obstacle sur deux.
... etc ...etc... vive le loisir réciproque"
Ola, Ola, ici Doc Tornado, je reprends la parole.
Et tout contrit, je le confesse. Avant qu'une horde d'avocats assoiffés de dommages et intérêts ne m'intente un procès pour divulgation de fausses informations. Oui, de tous mes bras, je bats ma poulpe; inutile de m'inquisitionner, la tête pendante, les lèvres honteuses, les bras ballonnants, les jambes flageollantes, j'avoue...
j'ai bidonné. Ce reportage a été monté de toutes pièces. Je m'excuse auprès des personnes qui auraient prêté foi à mes propos; qu'elles ne me damnent pas à tout jamais (et ni à tout toujours d'ailleurs), qu'elles ne me vouent pas aux gémonies.
Mais quand même, je crois que l'idée selon laquelle
le cheval doit prendre du plaisir avec son humain est raisonnable. Oui, si le cheval s'amuse, s'intéresse à son humain, que leurs activités communes sont variées, il y aura sûrement moins de chances que le cheval teste ou ne montre de la mauvaise humeur. On peut varier dressage classique, ballades, jeux à pieds, en liberté, jeux western, épreuves de treck... Que le cheval ne s'ennuie pas. Rappelez-vous ces profs assommants lors de votre scolarité... et ces profs passionnants.
A chaque cavalier de se dire "comment allons-nous nous amuser aujourd'hui ?"
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